Les entreprises peuvent encore mieux exploiter le potentiel de leurs travailleurs âgés en mettant en place une politique de prévention adaptée à leurs besoins spécifiques. Le courtier en assurances AON propose un certain nombre de solutions pratiques.
« De nombreuses entreprises se préparent au choc que représentera le départ à la retraite des derniers baby-boomers, qu’il faudra alors remplacer. Il y a déjà une pénurie de personnel adéquat, mais le problème sera alors beaucoup plus important. Les entreprises auxquelles nous nous adressons veulent amortir le choc en gardant leurs travailleurs plus âgés plus longtemps et en évitant qu’ils ne se retirent pour cause de maladie ou de stress. Cela nécessite une approche préventive axée sur les besoins individuels de ces employés », déclare Dave Deruytter, Senior Consultant Employee Benefits chez AON Belgium.
Belgique
Ce départ massif imminent de travailleurs intervient à un moment où l’Europe et de nombreuses régions du monde affichent des taux de chômage historiquement bas. Il n’y a donc pas ou peu de réserves sur le marché du travail pour remplacer les personnes âgées. En Belgique, cette situation va de pair avec un faible taux d’emploi par rapport aux pays environnants. La Belgique dans son ensemble obtient des résultats insuffisants, avec des écarts importants en Wallonie et à Bruxelles.
« L’Union européenne veut porter ce taux d’emploi à 80 %, mais la Wallonie et Bruxelles doivent encore y contribuer à hauteur de 10 %. En Flandre, l’écart est moindre avec un taux d’emploi de 77 %. Ce chiffre correspond au nombre de personnes employées par rapport à la population active totale. Un grand nombre de personnes ne cherchent donc tout simplement pas de travail. Il s’agit également d’un groupe important de malades et de chômeurs. Les études montrent que ce groupe comprend également un grand nombre de personnes âgées, qui souffrent souvent de problèmes mentaux tels que l’épuisement professionnel. L’augmentation de l’âge de la retraite a pris de nombreux travailleurs par surprise : ils pensaient pouvoir prendre leur retraite plus tôt, mais ont été contraints de travailler plusieurs années de plus. Ils pensaient pouvoir prendre leur retraite plus tôt, mais ils ont été contraints de travailler plusieurs années de plus. On parle de présentéisme lorsque ces employés malades continuent à travailler. D’autres sont prêts à travailler, mais sans enthousiasme et avec un engagement minimal », commente Dave Deruytter.
Un travail utile
Pourtant, il n’est pas nécessaire que les choses se passent ainsi. Les entreprises peuvent accorder une attention particulière à la fonction ou à l’éventail de tâches des travailleurs âgés. « De cette manière, ils peuvent trouver un nouveau défi. Il suffit de penser à l’utilisation des travailleurs âgés comme mentors pour les jeunes collègues ou comme formateurs dans le centre de formation. Ces emplois s’intègrent également plus facilement dans un schéma de travail à temps partiel, avec un emploi à mi-temps ou à quatre cinquièmes. Avec un programme allégé ou adapté, plus de personnes durent plus longtemps. Quoi qu’il en soit, le travail offre un emploi du temps intéressant et évite aux employés de tomber dans un trou noir après une retraite anticipée en raison d’un manque d’activités intéressantes », explique Deruytter.
Les entreprises peuvent également informer leurs employés des possibilités de travailler dans d’autres organisations ou d’exercer une activité indépendante. La plupart d’entre eux n’y ont pas encore pensé, mais ils apprécient que leur employeur y réfléchisse et leur fournisse des informations supplémentaires sur d’autres possibilités d’emploi.
Cette approche positive à l’égard des travailleurs âgés ne se retrouve pas partout. Il existe également une certaine méfiance à l’égard de ces employés qui ont une longue ancienneté et des salaires élevés. « Les entreprises font alors le compromis entre le prix plus élevé et le travail fourni par ces personnes plus âgées. Elles pensent alors que la productivité sera moindre et elles se montrent plus réticentes au changement. Sur le marché du travail, les travailleurs âgés se plaignent de ne plus pouvoir retrouver un emploi dans les entreprises où ils ont été licenciés », explique Dave Deruytter.
De même qu’un certain nombre d’organisations ont mis en place un programme pour les hauts potentiels, les entreprises pourraient également proposer des solutions spécifiques pour les personnes âgées. « Bon nombre d’entreprises sont attentives à la diversité, à l’inclusion ou à l’équité. Pourtant, il est frappant de constater qu’elles ne pensent pas à la diversité en termes d’âge. Elles négligent l’expérience et l’expertise des employés plus âgés. Alors que ces personnes pourraient justement leur apporter une grande valeur ajoutée au sein d’une équipe mixte composée également de collègues beaucoup plus jeunes. »
Programme d’aide aux employés
AON travaille avec environ cinq fournisseurs de programmes d’assistance aux employés (EAP). Il s’agit principalement d’un outil en ligne contenant des informations sur divers sujets susceptibles d’aider les employés. « Il s’agit de blogs et d’articles sur l’épuisement professionnel, la santé, la planification financière, etc. Mais lorsque les employés souhaitent un contact plus approfondi, ils peuvent, par exemple, discuter avec des experts dans le cadre d’une session en face à face. Cela ressemble beaucoup au travail d’un agent de prévention, mais le PAE a l’avantage d’être indépendant de l’entreprise, de sorte que l’employeur n’a pas besoin d’en être informé », explique Dave Deruytter.
La Belgique obtient d’assez bons résultats dans les comparaisons internationales en matière de prévention de la santé. « Mais en ce qui concerne la santé physique. En ce qui concerne la santé mentale, nous sommes très en retard par rapport aux pays voisins. Ici, les employeurs ont apparemment du mal à évoquer les problèmes mentaux. Cela reste un tabou », déclare Deruytter.
Objectif à atteindre
« Le présentéisme des travailleurs âgés est parfois aussi lié à des facteurs financiers. Les salariés bénéficiant d’une assurance collective savent que le rendement le plus important est parfois lié aux dernières années de leur carrière. Ils préfèrent donc rester dans leur environnement familier pour s’assurer un capital en vue de la retraite. Les entreprises trouvent cela difficile : elles paient des salaires élevés et des assurances de groupe coûteuses pour les employés en congé de maladie ou qui font preuve d’une productivité réduite. Ce coût peut devenir incontrôlable lorsqu’il s’agit d’une assurance de groupe ciblée. Ce faisant, l’employeur s’est engagé à garantir un certain rendement sur ces cotisations. Cela peut s’avérer coûteux, surtout en période de taux d’intérêt bas. C’est pourquoi de nombreuses organisations optent pour l’autre type d’assurance de groupe, dans lequel seules les cotisations sont garanties, mais pas le rendement.
En anglais, on parle de « defined benefits » (prestations définies) par opposition à « defined contribution » (cotisations définies). Avec AON, nous conseillons aux entreprises d’abandonner cette assurance de groupe « reach target » et de ne proposer aux nouveaux employés qu’une assurance de groupe à cotisations définies. Il n’est cependant pas possible de forcer les employés plus âgés à quitter leurs anciennes polices. Quoi qu’il en soit, nous organisons également des séances d’information sur tout ce qui touche à la retraite. Notre slogan en dit long : « We are in the business of better decisions ». Nous offrons aux organisations et aux travailleurs toutes les informations susceptibles de les aider à prendre la bonne décision. L’accueil réservé à cette approche est très positif », conclut Dave Deruytter.
Peter Ooms